jeudi 6 décembre 2007

Le Retour

Mon coeur battait à tout rompre. Étienne était parti en Europe depuis deux mois. Il était parti un après-midi au début de l'automne, en pleine canicule. Il revenait ce soir, tout juste après que la tempête se soit calmée. Montréal était ensevellie sous un brillant manteau de neige blanche, depuis.

Malgré mon insistance pour lui envoyer une voiture, il avait décidé de revenir en métro. «Pour mieux reconnecter avec la ville», disait-il.

Comme on habite pas très loin de la station et que le temps était doux, je m'y suis rendue à pied. Je l'ai attendu pendant quelques minutes avant qu'il n'apparaissent dans l'escalier roulant. Je n'ai même pas osé l'embrasser. J'ai balbutié quelques âneries avant qu'on sorte et qu'on se dirige vers la maison. J'étais nerveuse. Je me sentais comme une gamine lors d'un premier rendez-vous. Ça faisait tellement longtemps...

On marchait rapidement lorsqu'il s'est arrêté net au beau milieu du parc.

-Qu'est-ce qui te presse tant?

-Je... Rien.

Je me suis tournée vers lui, un peu mal à l'aise. Il s'était passé tant de choses depuis son départ que j'en étais même venue à me demander si notre relation ferait encore du sens, à son retour.

-Le paysage est beau. Et puis, j'ai envie de passer un peu de temps seul avec toi avant de revoir tout le monde.

Il était magnifique, avec sa tuque enfoncée jusqu'aux yeux. J'ai avancé lentement vers lui. J'ai senti un tiraillement dans mon ventre. J'avais encore envie de lui. Peut-être même plus qu'avant.

C'est ce moment qu'il choisit pour tout gâcher en m'envoyant une poignée de neige en pleine figure! Insultée, je me suis penchée pour en ramasser moi-même une pelletée à mains nues. Malheureusement, le vent était de son côté. Je crois que j'en ai reçu beaucoup plus que lui.

Je me suis penchée de nouveau pour saisir une bonne poignée de neige, mais revenue à sa hauteur, je me suis heurtée à ses beaux yeux brillants et son petit sourire en coin.

Il n'en fallait pas plus pour que je laisse la neige s'échapper de ma main et que je le saisisse par le cou... Une seconde plus tard, nos bouches refroidies par l'air frais s'entrechoquaient. Mes genoux se sont affaiblis et bientôt, je me retrouvais par terre avec son corps sur le mien.

Notre chaleur, nos baisers, la neige et le froid créaient de drôles de contraste. Bouche froide, langue chaude, ses mains gelées s'infiltrant dans mon manteau pour atteindre mes seins qui se dressaient à leur contact.

-Ouhhh!!!! C'est froid.


Il retira ses mains rapidement pour ne pas me torturer davantage.


-Crois-tu qu'on pourrait rentrer par la sortie de secours pour éviter les autres en chemin vers ta chambre?


À Suivre...

Un autre grand ménage à l'horizon...

Alexis et François étaient tous deux assis devant moi, l'air grave. J'étais encore sous le choc de la révélation qu'ils venaient de me faire.


-Vous êtes sérieux?

-Absolument. On a conscience que c'est blessant à entendre mais on préférais vous en avertir.


La porte de la conciergerie s'ouvre. Annabelle et Alice entrent et viennent nous y rejoindre.


Annabelle: Mon Dieu, quelqu'un est mort?

Macha: Personne n'est mort... mais après avoir entendu ce qui suit, vous aurez probablement envie de tuer.

Alice: Alors, on peut savoir ce qui se passe?

Macha: Allez-y les gars. Racontez-leur tout ce que vous savez et n'ayez pas peur des détails blessants, les filles sont capables d'en prendre.


Les deux gars se regardent. François prend la parole...


François: Ça concerne Gianni. Disons qu'il crée pas mal de remous par les temps qui courent...

Annabelle: Ah bon?

Alexis: Il a toujours été un peu «cocky» mais là, ça dépasse le sang italien!

François: Disons qu'il s'enfle énormément la tête parce qu'il est présentement le seul à vous fréquenter toutes les trois.

Macha: François, s.v.p: Appelle «un chat», «un chat» et dis-nous les vrais termes qu'il utilise.

François: O.k., si tu insistes. Il a dit, à plusieurs reprises, je cite: «Je suis le king, icitte! Je les fourre toutes les trois!»


Alice avale sa gorgée d'eau de travers. Annabelle étouffe un juron.


Alice: Wow. On parle de grand respect, ici!

Annabelle: Je ne suis pas la plus prude de la gang, mais je trouve ça dégradant.

Macha: Vous n'avez pas entendu le «punch», encore.

Alexis: Ouais, disons qu'il en a rajouté.

François: «Si elles baisent bien, c'est parce que je leur ai tout montré... parce qu'au départ, ça ne valait pas grand chose.»

Annabelle: Ah bon? En ce qui me concerne, il est dehors juste avec celle-là!

Alice: A-t-il dit autre chose?

Alexis: Bah, des conneries ici et là. «Macha aurait tout avantage à magasiner des implants mammaires», «Annabelle fait l'étoile...»

Annabelle: Quoi?!? C'est complètement faux!!!

François: Rien qu'à voir la tête des gars quand ils sortent de ta chambre, on voit bien qu'ils sont satisfaits... Quant à Alice, je ne dirai même pas ce qu'il a osé raconter.

Alice: De toute façon, j'en ai assez entendu.

Macha: Merci, beaucoup... Vous pouvez retourner à vos quartiers, les gars. Nous allons discuter de tout ça en privé et voir ce qu'on va faire de tout ça.


François embrasse Alice et la serre très fort dans ses bras. Alexis fait de même avec moi. Les deux font un baise-main à Annabelle avant de sortir. Ils referment la porte derrière eux. Nous reprenons toutes les trois place à table.


Macha: Je crois qu'on se dirige vers un autre départ. Ou bien on l'envoie à «La Niche»? Qu'en pensez-vous?

Alice: Mon jardin a toujours besoin d'engrais...

Annabelle: Si on l'installe au sous-sol, il pourrait croire qu'on le garde parce qu'on ne veut pas s'en séparer...

Macha: Effectivement, c'est le genre d'idée qui pourrait passer dans sa grosse tête enflée.


Le silence règne dans la conciergerie pendant une minute.


Alice: On a fait un sacré ménage dans les derniers mois... On commence à avoir beaucoup d'appartements libres.

Macha: Et moins de temps libres!

Annabelle: Avez-vous des suggestions?

Alice: Si on réaménageait quelques pièces?

Annabelle: Pas fou.

Alice: En relocalisant quelques appartements, on pourrait faire défoncer des murs et créer de plus grandes pièces.

Macha: Je veux une «chambre érotique».

Annabelle: Euh?

Macha: Une chambre totalement équippée pour passer une soirée folle. Avec un énorme lit. Et une garde-robe remplie de costumes et de lingerie fine. Des tiroirs remplis d'accessoires. Un système de son qui fait jouer en boucle des slows cochons... et un poteau!!!

Annabelle: Moi aussi, j'en veux une comme ça!

Alice: Moi aussi!

Macha: On pourrait en garder aumoins trois pour d'éventuels amants. Quant au reste, La Commune peut encore être améliorée. Vous pouvez décider entre vous: je vous fais totalement confiance.

Alice: J'ai déjà ma petite idée.

Annabelle: Moi aussi.

Macha: Bon, parfait. Allez, j'appelle Gianni. On règle son cas... Ensuite, on appellera les entrepreneurs.